Décisions de la Cour fédérale

Informations sur la décision

Contenu de la décision

                                                                                                                               Date : 20050930

                                                                                                                    Dossier : IMM-2172-05

                                                                                                               Référence : 2005 CF 1330

ENTRE :

                                                                SOHAN SINGH

                                                                                                                                      Demandeur

                                                                          - et -

                                            LE MINISTRE DE LA CITOYENNETÉ

                                                         ET DE L'IMMIGRATION

                                                                                                                                        Défendeur

                                                  MOTIFS DE L'ORDONNANCE

LE JUGE PINARD

[1]         Il s'agit d'une demande de contrôle judiciaire d'une décision de la Section de la protection des réfugiés de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié (la CISR) rendue le 15 mars 2005, statuant que le demandeur n'est pas un « réfugié » au sens de la Convention, ni une « personne à protéger » selon les définitions données aux articles 96 et 97 respectivement de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, L.C. (2001), ch. 27.

[2]         Sohan Singh, le demandeur, a 29 ans et est Sikh. Il allègue être un fermier du village Ber Kalan dans le district de Ludhiana au Pendjab.


[3]         Le demandeur allègue qu'il a été ciblé par la police du Pendjab et est potentiellement la cible de la Police nationale de l'Inde. Il allègue que la police l'accuse dtre un complice d'Harnek Singh, un miliant sikh qu'il dit être son cousin.

[4]         Le demandeur allègue qu'il a été arrêté en fevrier 2003, après que son cousin eût visitésa maison, et que la police l'a detenu et torturé afin de trouver ce dernier.

[5]         En août 2004, la police a arrêté Harnek Singh. Le demandeur allègue que la police l'accuse d'aider son cousin à partir du Canada.

[6]         Le tribunal a rejeté la demande du demandeur en raison de son manque de crédibilité. La demande d'asile repose sur les liens entre le demandeur et Harnek Singh, son prétendu cousin. Le défaut dtablir ce lien suffisait pour rejeter la demande d'asile.

[7]         La preuve démontre que le demandeur n'avait presque aucune connaissance d'Harnek Singh. Il ignorait que ce dernier était un leader au sein du Khalistan Liberation Force (KLF) et il ne connaissait pas les crimes qui lui sont attribués ou les éléments clés de sa carrière à titre de militant sikh de longue date. Tel qu'indiqué par le tribunal, il n'est pas plausible que le demandeur puisse ignorer de telles informations concernant une personne qui serait à la source de toutes ses difficultés en Inde, et ce depuis 1993. Il ntait pas déraisonnable pour le tribunal de conclure ainsi.


[8]         La CISR a trouvé que la visite impromptue d'Harnek Singh le 23 février 2003, chez le demandeur, ntait pas plus plausible ou digne de foi. Le demandeur a témoigné qu'il n'avait eu aucun contact avec Harnek Singh entre 1993 et 2003 et que la police se serait rendue à son domicile régulièrement pendant cette période de dix ans. Harnek Singh était un leader du KLF qui vivait clandestinement. Il est raisonnable de croire qu'Harnek Singh n'aurait pas visité, en 2003, la résidence d'un membre de sa famille qui était surveillée par les autorités, dans un petit village.

[9]         Le demandeur allègue être sur une liste noire tenue par les autorités policières. Cependant, la preuve démontre que le demandeur n'a jamais été accusé de quelque crime que ce soit. Bien qu'il aurait été contraint de se rapporter aux autorités policières mensuellement, ses déplacements ntaient pas restreints. Il a obtenu sans réticence un document des autorités policières ( « police clearance » ) ainsi que son passeport émis en 1999. De plus, le demandeur a été en mesure d'obtenir un visa canadien et a pu, sans aucune difficulté, franchir les mesures de sécurité mises en place à l'aéroport de Delhi. Devant cette situation factuelle, le tribunal a conclu que le demandeur ntait pas sur une liste noire. Cette conclusion n'offense en rien la raison.

[10]       Somme toute, le demandeur n'a certes pas réussi à démontrer que les inférences généralement tirées par le tribunal spécialisé que constitue la CISR ne pouvaient pas raisonnablement ltre (voir Aguebor c. Canada (M.E.I.) (1993), 160 N.R. 315 (C.A.F.)).

[11]       Finalement, relativement à l'appréciation faite par le tribunal des rapports médicaux soumis par le demandeur, qu'il suffise de référer à l'arrêt Danailov c. ministre de l'Emploi et de l'Immigration (le 6 octobre 1993), T-273-93, où, à la page 2, madame le juge Reed a exprimé ce qui suit :

. . . Quant à l'appréciation du témoignage du médecin, il est toujours possible dvaluer un témoignage d'opinion en considérant que ce témoignage d'opinion n'est valide que dans la mesure où les faits sur lesquels il repose sont vrais. Si le tribunal ne croit pas les faits sous-jacents, il lui est tout à fait loisible d'apprécier le témoignage d'opinion comme il l'a fait.


[12]       Pour toutes ces raisons, l'intervention de cette Cour n'est pas justifiée et la demande de contrôle judiciaire est rejetée.

                                                                    

       JUGE

OTTAWA (ONTARIO)

Le 30 septembre 2005


                                                              COUR FÉDÉRALE

                                               AVOCATS INSCRITS AU DOSSIER

DOSSIER :                                                     IMM-2172-05

INTITULÉ :                                                       SOHAN SINGH c. LE MINISTRE DE LA CITOYENNETÉ ET DE L'IMMIGRATION

LIEU DE L'AUDIENCE :                               Montréal (Québec)

DATE DE L'AUDIENCE :                             Le 22 septembre 2005

MOTIFS DE L'ORDONNANCE :                 Le juge Pinard

DATE DES MOTIFS :                                   Le 30 septembre 2005        

COMPARUTIONS :

Me Michel Le Brun                                          POUR LE DEMANDEUR

Me Daniel Latulippe                                       POUR LE DÉFENDEUR

AVOCATS INSCRITS AU DOSSIER :

Michel Le Brun                                               POUR LE DEMANDEUR

Montréal (Québec)

John H. Sims, c.r.                                           POUR LE DÉFENDEUR

Sous-procureur général du Canada


 Vous allez être redirigé vers la version la plus récente de la loi, qui peut ne pas être la version considérée au moment où le jugement a été rendu.