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Date : 20000926

Dossier : IMM-4184-99

OTTAWA (ONTARIO), LE 26 SEPTEMBRE 2000

EN PRÉSENCE DE : M. LE JUGE J.E. DUBÉ

ENTRE :

BU HUI WU

                                                                                          demandeur

                                                  - et -

LE MINISTRE DE LA CITOYENNETÉ

ET DE L'IMMIGRATION

                                                                                           défendeur

ORDONNANCE

La demande de contrôle judiciaire est rejetée.

                                                

Juge

Traduction certifiée conforme

Suzanne M. Gauthier, LL.L., Trad. a.


Date : 20000926

Dossier : IMM-4184-99

ENTRE :

BU HUI WU

                                                                                          demandeur

                                                  - et -

LE MINISTRE DE LA CITOYENNETÉ

ET DE L'IMMIGRATION

                                                                                           défendeur

MOTIFS DE L'ORDONNANCE

LE JUGE DUBÉ

[1]         Cette demande vise le contrôle judiciaire de la décision d'une agente des visas en date du 19 juillet 1999 qui avait refusé la demande de résidence permanente présentée par le demandeur pour le motif qu'il ne répondait pas aux conditions des articles 9 et 10 et du paragraphe 8(1) du Règlement sur l'immigration (le « Règlement » ) et n'était pas admissible selon l'alinéa 19(2)d) de la Loi sur l'immigration[1] (la « Loi » ).


1. Les faits

[2] Dans sa décision, l'agente des visas a évalué le demandeur au regard de son occupation prévue de cuisinier, cuisines étrangères (CCDO #6121-126), une occupation pour laquelle elle lui a attribué les points d'appréciation suivant :

ÂGE                                                                                                         10

DEMANDE DANS LA PROFESSION                                               10

PRÉPARATION PROFESSIONNELLE SPÉCIFIQUE      15

EXPÉRIENCE                                                                                         2

EMPLOI RÉSERVÉ                                                                               00

FACTEUR DÉMOGRAPHIQUE                                                         08

ÉTUDES                                                                                                 10

ANGLAIS                                                                                               0

FRANÇAIS                                                                                            00

PRIME                                                                                                    05

PERSONNALITÉ                                                                  03

TOTAL                                                                                   63

2. Conclusions du demandeur


[3]         La base de l'argument principal du demandeur est que l'agente des visas n'a pas produit un affidavit qui aurait permis au demandeur de la contre-interroger sur plusieurs incohérences de ses notes versées au STIDI. Le défendeur s'est fondé sur ces notes, mais le demandeur est privé de son droit de le contre-interroger. Les incohérences se rapporteraient à la date exacte de l'entrevue, aux résultats d'un test de préparations culinaires, aux années d'expérience du demandeur comme cuisinier et comme chef, aux questions qui ont été posées, ou ne l'ont pas été, sur la ville de Toronto et son marché du travail.

[4]         Le demandeur affirme que cette affaire devrait faire l'objet d'un renvoi étant donné que les notes versées au STIDI ne peuvent être invoquées par le défendeur pour établir le cadre réel du déroulement de cette affaire puisqu'elles n'étaient pas accompagnées d'un affidavit. Le demandeur s'appuie sur la jurisprudence[2] au soutien de sa proposition selon laquelle, en l'absence d'un affidavit de l'agente des visas, les notes en question ne sont pas recevables comme preuve du contenu de l'entrevue.

3. Conclusions du défendeur


Le défendeur affirme qu'il peut se fonder sur les notes versées au STIDI car elles font partie du dossier certifié du tribunal, dossier dont est saisie à juste titre la Cour conformément à la règle 318 des Règles de la Cour fédérale (1998) (les « Règles » ), et il affirme qu'il n'y a pas d'obligation pour lui de produire un affidavit. Le défendeur invoque la jurisprudence[3] à l'appui.

4. Décision

[5]         À mon avis, le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration n'est pas tenu de produire un affidavit de l'agente des visas. Le Ministre peut se fonder sur les notes versées au STIDI car elles font partie du dossier certifié du tribunal, dont la Cour est à juste titre saisie. Toutefois, il peut y avoir des cas où il serait conforme à l'intérêt de la justice que le défendeur produise un affidavit de l'agent des visas, en particulier lorsqu'il semble exister une contradiction flagrante entre les notes versées au STIDI et les autres éléments de preuve apparaissant dans le dossier certifié du tribunal.

[6]         En l'espèce, un tel affidavit de l'agente des visas n'est pas nécessaire. Le demandeur n'a pas prouvé qu'il serait nécessaire de contre-interroger l'agente des visas concernant les notes versées au STIDI pour qu'il soit disposé équitablement des questions essentielles.


[7]         Quant à la décision elle-même, le demandeur ne m'a pas convaincu que l'évaluation de son occupation prévue a été déraisonnable. En conséquence, sa demande de contrôle judiciaire est rejetée.

[8]         Une question grave de portée générale a déjà été certifiée dans cette affaire et la Cour d'appel fédérale en a été saisie. À la demande de l'avocat du défendeur, je suis d'accord pour certifier la même question. La question est la suivante :

Les notes d'un agent des visas concernant l'entrevue d'un demandeur, telles que ces notes apparaissent dans le STIDI, sont-elles la preuve de ce qui s'est dit durant l'entrevue, en l'absence d'un affidavit de l'agent des visas attestant la véracité de ce qu'il a consigné comme étant les propos échangés durant l'entrevue?

                                                  

Juge

Ottawa (Ontario)

Le 26 septembre 2000

Traduction certifiée conforme

Suzanne M. Gauthier, LL.L., Trad. a.



     [1] S.C. 1976-77, ch. 52.

     [2]         Wang Le Ming c. MEI, [1991] F.C.J. No. 10, DRS 91-03004, A-1136-88, 12 IMM L.R. (2d) 178, 121 NR 243, [1991] 2 C.F. 65, 8 janvier 1991; Yu Hai QUI c. M.C.I., [1997] F.C.J. No. 619, DRS 97-12777, IMM-2715-96, 16 mai 1997; Parveen c. M.C.I., [1999] F.C.J. No. 660, IMM-3587-98, 29 avril 1999; Hai Xiang FENG c. M.C.I., [1996] F.C.J. No. 1707, DRS 97-08882, IMM-3557-95, 31 décembre 1996; Marie DRAGONE c. M.C.I., [1995] F.C.J. No. 1217, DRS 95-19481, IMM-539-95, 20 septembre 1995; Sultan AMIR c. M.C.I., [1996] F.C.J. No. 1706, DRS 97-08881, IMM-663-96, 31 décembre 1996 et Huang Wei WEN c. M.C.I., [1991] F.C.J. No. 633, IMM-1556-98, 10 mars 1999.

     [3]         Awwad c. Canada (M.C.I.) 1999 CarswellNat 134 (IMM-1003-98, 26 janvier 1999, C.F., 1re inst.) et Huang c. Canada (M.C.I.) 1999 CarswellNat 121 (IMM-4352-98, 27 janvier 1999, C.F., 1re inst.).

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