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Date : 20040922

Dossier : IMM-2466-03

Référence : 2004 CF 1305

Toronto (Ontario), le 22 septembre 2004

EN PRÉSENCE DE MONSIEUR LE JUGE von FINCKENSTEIN

ENTRE :

                                                   LALITHADEVI LOGANATHAN

                                                        ANUSHA LOGANATHAN

                                                                                                                                         demanderesses

                                                                             et

                         LE MINISTRE DE LA CITOYENNETÉ ET DE L'IMMIGRATION

                                                                                                                                             défendeur

                                MOTIFS DE L'ORDONNANCE ET ORDONNANCE

                                                    (Exposés initialement à l'audience,

                                       puis mis par écrit pour plus de clarté et de précision)


[1]                La demanderesse (Lalithadevi Loganathan) et sa fille (Anusha Loganathan), âgées respectivement de 50 et de 11 ans, sont toutes deux citoyennes du Sri Lanka. Elle affirment qu'elles craignent avec raison d'être persécutées par la police, l'armée et les membres du groupe tamoul EPDP (le nom au long n'a pas été fourni) du fait des opinions politiques qu'on leur impute et de leur sexe. Elle affirment aussi qu'elles sont des personnes à protéger parce qu'elles seraient exposées au risque d'être soumises à la torture ou exposées à une menace à leur vie ou au risque de traitements ou peines cruels et inusités au Sri Lanka.

[2]                La demanderesse allègue que, en 1990, son fils Sajiv s'est joint aux Tigres de libération de l'Eelam tamoul (TLET). Au début de 1998, la famille de la demanderesse a déménagé à Vavuniya. Par après, la famille s'est rendue àColombo et est restée dans l'annexe d'une maison appartenant à des Tamouls. Les demanderesses affirment que la police et les membres du EPDP leur ont extorqué de l'argent. En février 1999, la police a arrêté la mari de la demanderesse. Elle a commencé à avoir peur de rester seule à Colombo, parce qu'elle y avait déjà éprouvé des déboires avec la police. Le 15 septembre 2001, les demanderesses ont quitté le Sri Lanka. Elles sont arrivées au Canada le 3 novembre 2001 et elles ont demandé l'asile.

[3]                La Commission a conclu que les demanderesses n'étaient ni des réfugiées au sens de la Convention ni des personnes à protéger. Elle a aussi conclu qu'il n'y avait aucun motif sérieux de croire que le retour des demanderesses au Sri Lanka les exposerait personnellement à un risque de torture ou à une menace à leur vie ou les exposerait au risque de traitements ou peines cruels et inusités.

[4]                Dans sa décision, la Commission a renvoyé à quatre reprises aux notes qu'un agent d'immigration avait prises au point d'entrée, soit aux paragraphes 2 et 5, et deux fois au paragraphe 9.

[5]                Cependant, en raison d'un différend quant au moment où l'avocat des demanderesses avait reçu copie de ces documents, la Commission avait affirmé (Dossier du tribunal, page 42) qu'elle n'avait pas l'intention de s'appuyer sur ces notes. De plus, au paragraphe 10 de sa décision, la Commission affirme : « [...] le tribunal n'entendant pas se servir des notes prises au point d'entrée [...] » .

[6]                Il s'agit là d'une violation nette des règles d'équité en matière de procédure que de prendre en considération des documents qui avaient été exclus et d'ensuite s'en servir pour mettre en doute la crédibilité du demandeur. Il faut présumer que la Commission prend en considération toute la preuve qui lui est présentée, à moins d'une preuve contraire (voir Canada (M.C.I.) c. Soltesz, [2002] A.C.F. no 606). En l'espèce, nous avons plus qu'une présomption : la Commission admet dans ses motifs qu'elle a, à plusieurs reprises, pris en considération les éléments de preuve exclus.


[7]                Bien qu'il y eût d'autres éléments du récit des demanderesses qui pouvaient amener la Commission à douter de leur crédibilité, la Commission a utilisé quatre fois la preuve exclue pour étayer ses raisons de mettre en doute la crédibilité des demanderesses. Il est impossible, à partir de ses motifs de décision, de savoir dans quelle mesure la Commission s'est appuyée sur les notes du point d'entrée et dans quelle mesure elle a été influencée par le reste de la preuve.

[8]                Par conséquent, la Cour n'a pas d'autre choix que d'accueillir la demande.

                                                                ORDONNANCE

LA COUR ORDONNE : La décision que la Commission de l'immigration et du statut de réfugié a rendue le 20 mars 2003 est par la présente annulée et l'affaire est renvoyée à la Commission pour y être réexaminée par un tribunal différemment constitué.

                                                                                                                        « K. von Finckenstein »                  

                                                                                                                                                     Juge                                

Traduction certifiée conforme

Jacques Deschênes


COUR FÉDÉRALE

AVOCATS INSCRITS AU DOSSIER

DOSSIER :                                         IMM-2466-03

INTITULÉ :                                        LALITHADEVI LOGANATHAN

ANUSHA LOGANATHAN

c.

LE MINISTRE DE LA CITOYENNETÉ ET DE L'IMMIGRATION

                                                                    

DATE DE L'AUDIENCE :                LE 22 SEPTEMBRE 2004

LIEU DE L'AUDIENCE :                  TORONTO (ONTARIO)

MOTIFS DE L'ORDONNANCE

ET ORDONNANCE :                        LE JUGE von FINCKENSTEIN

DATE DES MOTIFS :                       LE 22 SEPTEMBRE 2004

COMPARUTIONS :

Kumar Sriskanda

POUR LES DEMANDERESSES

Robert Bafaro

POUR LE DÉFENDEUR

AVOCATS INSCRITS AU DOSSIER :

Kumar Sriskanda

Toronto (Ontario)

POUR LES DEMANDERESSES                                                                                                      

Morris Rosenberg

Sous-procureur général du Canada                               

Toronto (Ontario)                                              POUR LE DÉFENDEUR


                         COUR FÉDÉRALE

                                                         Date : 20040922

                                            Dossier : IMM-2466-03

ENTRE :

LALITHADEVI LOGANATHAN

ANUSHA LOGANATHAN

                                                             demanderesses

et

LE MINISTRE DE LA CITOYENNETÉ ET DE L'IMMIGRATION

                                                                     défendeur

MOTIFS DE L'ORDONNANCE ET ORDONNANCE

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